Ecrits




Comme Platon et sa fameuse Allégorie de la caverne,
les prisonniers, coupés du monde extérieur, voient
des choses qu’ils croient réelles, grâce aux ombres
projetées sur le mur qui leur fait face. Les yeux
voient, tout leur être y croit. La réalité est tout autre.
Les lignes de mes dessins n’ont pas de fin, les
couleurs de mes peintures ne sont pas enfermées,
elles peuvent s’échapper, se répandre.
Les formes sont trompeuses, pourtant le geste de la
main qui dessine est franc et sincère.
 
Les sens nous trompent.
Les lignes nous trompent.
Les couleurs nous trompent.
 
Tout ça, c’est comme ce qui apparaît sur le mur aux
prisonniers de la caverne de Platon.
Un va-et-vient qui n’en finit pas. Presque
une danse, une danse des lignes et des
couleurs. Un endroit aux frontières pas
vraiment définies, modelé et taillé comme
je le veux, où tout tourne et danse, une qui
ne s’arrête que si …
Un va-et-vient sans cesse. Apparence et
vérité sont confondues. Monde réel réel et
imaginaire sont confondus. Les prisonniers
sont persuadés que ce qui apparaît devant
eux est vrai.







 Pourquoi ça tourne?
 

Un pays, qui tourne, sur lui-même seulement,

avec des animaux qui ont tous du poil au dos,

qui tournent, sur eux-mêmes, seulement.


Pourquoi SEULEMENT ?


Un pays, de jours de fêtes,

de fêtes tous les jours,

avec des animaux qui ont tous du poil au dos,

et des yeux grands ouverts devant les pages qui

défilent,

des livres au nombre impensable de pages.


Pourquoi IMPENSABLE ?


Un pays, où il n’y a pas de couvre-feu,

 où le rêve de la nuit n’arrive jamais,

seul le rêve du jour est présent,

avec des animaux qui ont tous du poil au dos,

et qui tournent ces rêves dans leur tête,

qui, elle, est sans un poil.


Pourquoi DE JOUR ?


Un pays, où tous lisent des livres,

puisque les livres sont toujours ouverts,

avec des animaux, qui se racontent des histoires,

sans queue ni tête,

qui ne font que tourner, sur elles-mêmes,

 finalement !



TOURNENT, TOUS SUR EUX-MÊMES,

SEULEMENT, ET FINALEMENT ...
 









Une déchirure, une cassure, une inondation, des plaines de tissus fins et gluants. Si fins que des fissures se sont faites, invisibles, mais présentes, qui vous prennent par surprise.
Arrêtée en apparence.
Des ravages, des dégâts, des tentatives de reconstruction.
Succès, essais en vain.
Ce qui devient des ruines, des vestiges, de réseaux filandreux. Des formes pleines qui sont vite vides en fin de compte. C'est le temps sans fin, non, c'est la fin du temps. Un temps d'incertitude et de naïveté qui devient seulement une lutte constante et inutile.
Comme un oasis dans le désert, peut-être, une feinte, une fourberie de tu ne sais qui, visible tout de même. Illusion les ombres de la solitude?
Des ombres que tu connais bien, tellement bien qu'il n'y a aucun mot. Mais le langage n'est pas que verbal, sinon il n'y aurait peut-être plus aucune sorte de langage?
Tu ne sais pas, oui c'est évident.
Pourtant, je suis persuadée que tu as une vague idée sauvée des eaux. Les ombres la connaissent aussi, vous êtes proches, je vous ai souvent vus ensemble. Certains diront que les ombres sont de mauvaise fréquentation, ne les écoutes pas. Ils ne les connaissent pas, toi seul tu sais. Jalousie. Peut-être. Pitié? L'amour, ce très beau mot, soit-disant, te fait rire jaune. De la peur, oui, sans doute...
Toi et les ombres, l'oasis dans le désert.
La vie avec un grand v n'est pas un oasis dans le désert, au contraire, cette chose n'est, à ta connaissance, qu'un dénouement de déception. Elle n'est pas palpable, pourtant la puanteur indescriptible et inconnue, est tellement forte qu'elle te remonte jusque dans les sinus. Tu ne peux plus la supporter, cette puanteur, c'est bien normal. Mais en fait, tu n'as pas vraiment le choix, le seul recours c'est l'oasis dans le désert. Mettre fin au supplice, non, pas le droit, éviter, crois-moi.





 

Eclatante sobriété
Un liquide coulait de ses narines
ses narines s'émiettant comme du plâtre,
un plâtre qui a subit le temps
le temps de quelques années,
quelques décennies, quelques millénaires,
peu importe,
l'usure est toujours l'usure
seulement nous ne le percevons pas de la même manière
s'il est question de trois ou de trois siècles.
Un liquide blanchâtre et gluant,
ne s'agissant pas pour autant d'une sécrétion que produit l'être humain,
masculin, sperme.
Le bas des joues, le cou,
envahis par ce liquide,
comme une rivière sortant de son lit,
pourrait recouvrir un champs.
Dans cet océan blanc, apparaissent des courbes rouges,
des courbes, plutôt une forme pareille aux algues remuant sous l'eau,
des tourbillons, irréguliers, mais tourbillons quand même,
des répétitions de formes sinueuses,
d'un rouge, rouge profond, épais,
dans ce premier liquide gluant.
Le rouge dans le blanc.
Des couleurs qui ne se mélangent pas,
un liquide gluant, l'autre épais,
deux matières distinctes.
Un aplat, puis des formes sinueuses,
complémentaires peut-être,
mais qui restent distants l'un de l'autre.
Le tout se déverse sur un corps,
une partie de corps,
ni homme, ni femme,
ne comprenant pas ce qui arrive.
Quelles sont ces liquides envahissant maintenant se poitrine?
Des liquides qui viennent de l'intérieur de son propre corps,
ne cherchant pas, ne cherchant plus.
De la couleur peut-être.
Apprécier ce qui chatouille l'épiderme.
Epiderme d'un corps humain,
ni masculin, ni féminin,
juste un corps d'une éclatante sobriété.